L’impact de la pollution des mégots dans l’eau, la terre et l’environnement

En France, chaque année, 30 à 40 milliards de mégots sont jetés par terre, dont 40% qui échouent dans la nature. Quelles sont les conséquences de ce geste pour l’environnement, l’eau et la terre et quelles sont les solutions à envisager pour limiter cette pollution ?

Chiffres clés sur la pollution des mégots de cigarettes en France

56% des fumeurs déclarent jeter leurs mégots par terre lorsqu’ils sont dehors. C’est un geste extrêmement polluant et banalisé : la cigarette est le 3ème déchet le plus mortel et polluant dans les océans (après les filets de pêche et les sacs plastiques, selon une étude publiée en 2018). Selon La Butt Pollution Projet, sur les 5 200 milliards de cigarettes produites chaque année dans le monde, dont la plupart sont dotés de filtres, 66% finissent dans la nature. Rien qu’en France, 25 000 tonnes de mégots sont jetés par an, ce qui représente 3 fois le poids de la tour Eiffel. Le mégot est le détritus le plus répandu parmi tous ceux ramassés sur les plages du monde et les littoraux.

Le mégot contient 4 000 substances toxiques et cancérigènes, rejetées ensuite dans l’environnement, ce qui contamine, à la fois, l’eau, l’air et les sols, la faune et la flore.

Des conséquences pour la qualité de l’eau

Les substances nocives, comme la nicotine, les phénols ou encore les métaux lourds présents dans la composition du mégot, finissent et s’écoulent la plupart du temps dans les égouts et donc se retrouvent dans les réseaux d’assainissement des eaux qui ne sont pas équipés pour les traiter. Si cette eau souillée arrive dans une station d’épuration, les particules microscopiques restent dans l’eau et repartent dans le réseau.

Et cela devient donc problématique dans certaines villes, comme Berlin, qui prennent leur eau potable dans des sources situées en milieu urbain.

Un mégot jeté à terre va aussi être emporté par les eaux de ruissellement et aura toutes les chances de rejoindre les mers, les océans ou les cours d’eau. Au contact de l’eau, les substances toxiques vont se libérer et provoquer des dégâts.

Selon les estimations, un seul mégot pollue environ 1 m³ de neige ou 500 litres d’eau. Selon le centre d’information sur l’eau, le mégot de cigarette est le premier déchet responsable de la pollution des océans.

Les eaux au contact des substances toxiques deviennent alors plus acides. En effet, les déchets de cigarettes modifient la composition des bactéries présentes dans l’eau, favorisant ainsi leur développement trop rapide. Celles-ci vivent habituellement dans des zones profondes d’eau chaude : l’écosystème est donc modifié. L’acidification de l’eau engendre alors un déséquilibre. Elle empêche notamment le plancton, véritable pompe à dioxyde de carbone, de se renouveler correctement, car il a besoin d’un pH spécifique pour se développer. Moins de plancton, moins de poissons. C’est le cercle vicieux.

Le mégot dans l’environnement : l’impact sur les poissons, la nature, les écosystèmes

Quatre mégots dans un seul litre d’eau seraient suffisants pour tuer un poisson de petite taille. Un seul mégot tue un poisson en 96h.

Dans un reportage diffusé sur France 24, un chercheur au Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre) expliquait avoir réalisé des tests pour mesurer l’impact d’un mégot sur des petits crustacés. Il indiquait alors : « Un mégot est capable de contaminer un kilo de sédiments à des niveaux qui entraînent la mortalité de l’ensemble des individus exposés : on est sur des niveaux de contamination très importants. »

Une étude a aussi été menée par des scientifiques sur les Atherinopsidae et les têtes-de-boule. Le premier, appelé silverside en anglais, est un poisson qui vit dans les eaux douces ou salées, dans des zones tropicales et tempérées. Le tête-de-boule est un petit poisson coloré à dominante orange de 5 à 8 cm de long. Un seul mégot dans un litre d’eau a tué la moitié de ces poissons vivant ici.

Les puces d’eau sont aussi impactées par la présence de substances chimiques dans l’eau. Des essais sur les escargots de mer, avec des extraits de mégots dans l’eau, montrent une hausse de la mortalité de ces coquillages et aussi un changement de comportement. D’autres expérimentations ont montré que des vers de mer voyaient leur croissance stoppée ou freinée quand la nicotine s’accumulait dans leur organisme.

En présence de mégots, des plantes peuvent pousser moins vite. Des chercheurs ont montré que par exemple le trèfle blanc pousse 30% moins vite et se développe moins.

Les produits contenus dans la cigarette ont également un impact négatif sur les écosystèmes. « Le filtre contient plusieurs milliers de substances chimiques (acide cyanhydrique, naphtalène, nicotine, ammoniac, cadmium, arsenic, des métaux lourds comme du mercure, plomb) dont certaines sont toxiques pour les écosystèmes », précise le ministère de la Transition écologique.

L’industrie du tabac a d’autres impacts sur l’environnement : déforestation, utilisation de pesticides et de produits chimiques, utilisation de beaucoup d’eau pour l’irrigation des cultures… Ce qui entraîne l’appauvrissement des sols et la pollution des nappes souterraines.

L’industrie du tabac serait responsable de 5% de la déforestation sur la planète. La culture du tabac est à l’origine de la perte de 600 millions d’arbres, elle utilise chaque année 200.000 hectares de terres et 22 milliards de tonnes d’eau, et émet environ 84 millions de tonnes de CO2, selon un rapport de l’OMS publié en 2022 intitulé « Le tabac, poison pour notre planète ». 

Le saviez-vous ?

Les mégots de cigarettes continuent d’émettre des substances chimiques, plusieurs heures, voire plusieurs jours après avoir été éteints, exposant les personnes proches au tabagisme passif (l’exposition aux substances chimiques présentes dans la maison d’un fumeur par exemple), selon une étude américaine. Celle-ci montre que la plupart des mégots continuent d’émettre de la nicotine et la triacétine, un plastifiant utilisé dans les filtres, 24 heures après avoir été refroidis. Le taux de concentration chimique reste même à 50% du taux initial, 5 jours plus tard. La chaleur est un facteur important : plus il fait chaud plus les émissions sont hautes.

L’impact négatif du mégot de cigarette jeté par terre pour la terre

Jeter un mégot de cigarette à terre pollue aussi la terre. Les 4 000 substances chimiques éco toxiques (acide cyanhydrique, cadmium naphtalène, nicotine, ammoniac, cadmium, arsenic, mercure, plomb) présentes dans ce déchet s’infiltrent dans la terre via le ruissellement.

Le filtre d’une cigarette est composé de plusieurs matières plastiques, dont de l’acétate de cellulose. Cette substance contenant des matières plastiques n’est quasiment pas biodégradable :  un mégot peut alors mettre plus de dix ans pour se dégrader. « Les filtres se dégradent entre 1 et 2 ans, mais l’un de ses composants, l’acétate de cellulose, met quant à lui près de 10 ans pour se biodégrader », indique le Centre d’information sur l’eau. En fait, les particules ne disparaissent pas, elles se fragmentent et se dispersent.

Jeter un mégot au sol peut aussi provoquer des incendies, car il continue à se consumer pendant quelques heures. D’où l’utilité des cendriers de poche qui arrêtent la combustion en privant le mégot d’air.                                                               

La filière tabac – sa production, sa transformation, son transport et sa consommation contribue grandement au changement climatique, alerte l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Bon à savoir

Une personne qui fume un paquet de cigarettes par jour pendant 50 ans aura indirectement utilisé 1,4 million de litres d’eau pour sa consommation de cigarettes (chiffre tiré de l’étude de l’Imperial College London publiée en 2018 portant sur les conséquences de la cigarette sur l’environnement).

Quelle solution pour limiter la pollution des mégots ?

Une des solutions pour limiter la pollution est de renforcer le civisme des fumeurs. Ces derniers sont incités à ne pas jeter n’importe où leurs mégots. Des cendriers collecteurs et des points de collectes sont installés par les collectivités ou les entreprises pour garder plus propres les endroits où se concentrent les fumeurs et les sensibiliser. Des distributions de cendriers de poche sont organisées dans certains lieux en France. Des campagnes d’information et de sensibilisation sont aussi financées par l’État.

Les fumeurs doivent désormais payer des contraventions s’ils sont pris en train de jeter des mégots sur la voie publique. Une loi anti-tabac impose la généralisation des espaces publics sans cigarette en 2024. Il est dorénavant interdit de fumer sur les plages, les parcs, les forêts et aux abords de certains lieux publics, notamment les établissements scolaires.

Pour limiter la pollution par les mégots de cigarettes, des solutions de collecte et de recyclage se mettent en place.

Une REP (dispositif de la Responsabilité Élargie du Producteur) oblige les producteurs à assurer le financement ou la gestion des déchets des produits en fin de vie qu’elle a mis sur le marché. Un éco-organisme a été mis en place à cet effet pour les mégots de cigarettes. Il est financé par les producteurs de produits du tabac et par les producteurs de filtres à cigarettes.

Des entreprises comme TchaoMegot proposent des solutions aux collectivités et aux entreprises pour collecter et ensuite recycler les mégots de cigarettes. Le recyclage des mégots permet ainsi de donner une seconde vie et une autre utilisation à ces déchets toxiques en utilisant la matière propre au sein même de sa structure : une véritable économie circulaire !

Nous proposons des solutions complètes et clés en main, de l’installation de points de collecte à la dépollution et au recyclage des déchets en nouvelle matière première réutilisable, tels que des isolants. Notre technique de dépollution avant recyclage s’effectue sans eau ni solvant toxique, dans une démarche écologique.

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